Les Calvaires.
L'architecture religieuse est d'une grande richesse en Bretagne ; cathédrales, églises et notamment enclos paroissiaux et calvaires sont nombreux, surtout dans le Finistère. La construction de ces édifices coûtait fort cher, aussi les trouve-t-on dans les régions prospères, Léon et Trégor principalement.
Ils furent construits à une époque de développement économique important (élevage bovin, cultures vivrières et textiles, lin et chanvre pour les toiles à voiles) et une grande activité commerciale par la mer avec l'Europe du Nord. La classe dirigeante était riche, et l'époque favorable ; le Moyen Àge connut une ferveur religieuse en ces temps d'insécurité : guerre de religion, épidémies, brigandage, etc. Et puis, il fallait s'assurer d'une vie meilleure dans l'au-delà !
On peut voir sur les murs de certains édifices, comme ici à Roscoff, les remerciements aux donateurs.
La base des calvaires peut être rectangulaire, octogonale, percée d'une arcade, triangulaire, à simple ou double traverse.
Il y eut aussi des calvaires-chaires, comme à Pleubian, dans le Trégor. 15ème siècle.
Les nombreux personnages forment des scènes représentant différentes parties de la vie du Christ ; ils sont souvent en costumes d'époque : ainsi les soldats de Guimiliau portent l'habit des Ligueurs (guerre de religion, qui sévit de 1576 à 1594). D'autres sont en costumes "bibliques" ou bien ceux des gens respectables de l'époque.
Il y eut plusieurs ateliers de sculpteurs, tels ceux de Henry Prigent, de Roland Doré, entres autres ; ils travaillaient sur place, d'un chantier à l'autre. Ils utilisaient le granit ou le kersanton, selon les possibilités locales.
Au cours des siècles, ils subirent des dommages dûs aux intempéries, aux dépravations de la Révolution de 1789, et aussi pendant la dernière guerre ( Plougastel-Daoulas)
Le plus ancien est le calvaire de Tronoën (environ 1450),
Construit en bordure de la baie d'Audierne dans les dunes, le vent, le sable et l'air marin ont usé le granit assez friable, les lichens s'incrustent dans les statues.
Le calvaire de Guimiliau, commencé en 1581, est "peuplé" de quelques 200 personnages !
Trois fléaux ont inspiré et suscité la construction du calvaire de Plougastel-Daoulas : la dévastation du pays par les troupes de la Ligue, la famine et l'invasion des loups, et enfin la peste qui sévit en 1598. Il comporte 170 personnages et fut édifié de 1602 à 1604.
Le dernier des grands calvaires est celui de St Thégonnec, construit en 1610 ; il comporte une quarantaine de personnages sur la plateforme et une quinzaine sur les croix et traverses.
Documentation : Calvaires bretons (Eug. Royer) éd. J.P.Giscerot.
Les Calvaires bretons (Eug. Royer) &d. Ouest-France.